Il y a 5 ans, j’ai eu la chance d’interviewer Kerry King à Paris, alors que le dernier album studio en date de SLAYER « Repentless » venait de paraître. Bien évidemment, à l’époque, j’étais loin de m’imaginer qu’il n’y en aurait plus d’autres à venir et que j’avais donc entre les mains l’ultime album studio de SLAYER. Je vous propose un petit retour en arrière sur cette interview, à partir d’un extrait d’un jeu de questions/réponses auquel a bien voulu se prêter Kerry !
Extrait d’interview avec Kerry King (guitare) – Paris, Le Zéntih, le 26 octobre 2015.
Parlons de « Repentless ». Quand tu regardes les chiffres des ventes d’albums, ils ont été plutôt spectaculaires. T’attendais-tu à cela ?
Non, absolument pas… tu sais, c’est un disque très particulier pour nous parce que je n’ai jamais autant été mis en avant… Il y a eu quelques fois par le passé où j’ai écrit la plupart des trucs, mais jamais à ce point-là. Donc cela a été très bizarre pour nous, tu t’imagines bien… Faire un disque, j’ai toujours trouvé ça génial, je suis toujours un fan et j’ai encore mes propres faiblesses lorsque je me retrouve nez à nez avec Tony Iommi tu sais, les gens nous compare bien souvent en termes de longévité de carrière. Nous ne sommes certainement pas Black Sabbath mais on existe depuis un bail maintenant, et les fans nous voient de la même façon. Et c’est plutôt embarrassant… Mais tu sais, quand on s’est retrouvé pour mettre notre matos musical ensemble, j’étais super fier parce que putain… Ça sonnait ! Est-ce que je manque de recul ? Ou alors je n’ai pas conscience que ce disque est mauvais ? Non, je ne crois pas, je pense sincèrement que c’est un bon disque. Quant aux fans, ils ont peut-être cru que … Je ne sais pas … Qu’on était fini ou un truc du genre… Avec la mort de Jeff, certains ont cru que notre carrière était derrière nous.
Quant à nous, on pense que nous avons là nos 12 meilleures chansons écrites aujourd’hui ! Tu sais, ça nous a fait l’effet de la seconde guerre mondiale, c’est massif ! Absolument massif ! Je n’aurais jamais imaginé ça sur plusieurs millions d’années ! Numéro 1 en Allemagne, les allemands ont vraiment adoré et se sont bougés le cul pour acheter la version physique du disque ! Les hollandais aussi car nous sommes numéro 2 chez eux. Nous avons aussi une bonne place dans les charts au U.K. Pour moi, les fans de Metal veulent tous avoir un exemplaire physique du disque. Ils veulent l’avoir au cas où ils auraient l’opportunité de la faire dédicacer ou ce genre de choses. Le Metal n’est pas une musique comme les autres, c’est une musique unique au monde et ça, Nuclear Blast l’a très bien compris. Ils ont proposé différents formats pour l’album, tous plus beaux les uns que les autres. Ils ont même sorti des cassettes pour les collectionneurs ! Et la « Big Box » est complètement dingue, ils ont fait un super boulot. Donc bravo à Nuclear Blast et merci aux fans pour leur soutien !
Les morceaux « You Against You » et « Take Control » sont mes deux préférés sur l’album et ils me font penser à tes influences Punk. Es-tu d’accord ?
Pour “You Against You”, oui tu as tout à fait raison ! Celle-là, si je n’avais pas d’influences Punk, je ne l’aurais jamais écrite, c’est clair ! Mais pour « Take Control », je suis moins d’accord. C’est ma chanson préférée dans la catégorie rapide, mais la plus heavy reste pour moi « Vices ». Mais pour en revenir à « Take Control », non je n’ai pas eu d’inspiration Punk pour écrire celle-là.
En tant que compositeur, quelles sont tes principales influences pour écrire ta musique aujourd’hui ?
Probablement les mêmes qu’il y a trente ans. Tu sais, je suis toujours un fan, comme je l’ai aussi dit au gars qui m’a interviewé avant toi (Radio Metal). Donc Sabbath, Maiden, Priest… Deep Purple, Rainbow, tous ces trucs-là, c’est ma came. Pantera dans un registre plus extrême, le premier album de Machine Head, j’adore cet album, et le dernier aussi, et putain “The Blackening” ! Je ne me souviens pas de tous les titres des chansons ou même des albums, mais il me suffit de jeter un coup d’œil à la pochette d’un album et donc, dès que je vois Machine Head, je me dis : « vas-y Kerry, fonce ! » (rires !). Donc, je suis définitivement un fan de Metal, on vient de faire la tournée “Mayhem” aux USA comme tu le sais déjà certainement, et on était avec King Diamond. Quand King Diamond est venu vers moi en me demandant si j’étais d’accord pour jouer un titre avec lui sur scène, ce vieil ado de Kerry aussitôt répondu : “putain, mais va te faire foutre” ! (éclats de rires !) Et bon sang ça a été énorme !!! J’ai joué “Evil” avec King Diamond, on l’a fait sur les quatre dernières dates, j’ai commencé le morceau seul sur scène et c’était si excitant pour moi ! Voilà, c’était juste pour te prouver mon propos ; je suis toujours un fan !
Que penses-tu des groupes issus de la scène “Thrash New School” comme Vektor, Angelus Apatrida et Violator pour ne citer qu’eux ? Penses-tu qu’ils apportent quelque chose de vraiment nouveau ou qu’ils se « contentent » de continuer à faire le boulot que vous avez commencé ?
Je ne sais pas, je ne les connais pas… J’espère qu’ils pondent des bons trucs, parce que tu sais, on ne sera pas là éternellement… Et une fois qu’on sera parti, il y en aura beaucoup d’autres qui partiront en même temps que nous, car on est nombreux à avoir le même âge ! (rires). Donc, je vais écouter ces groupes dont tu me parles car je ne les connais pas.
En parlant de nouveaux groupes, quelle est la principale leçon que tu as apprise dans le métier et que tu aurais envie de transmettre comme un conseil ?
Je ne sais pas s’il s’agit d’une leçon, mais il y a quelque chose qui fait sens chez moi : ne faites pas de la musique pour faire du fric. Faites de la musique parce que vous aimez ça. Car si vous n’aimez pas ça, les fans s’en rendront vite compte et feront éclater votre truc au grand jour. Voilà.
Ok merci Kerry. Maintenant parlons un peu des tournées. As-tu le temps de composer quand tu es sur les routes ?
Tu sais, c’est ce que j’ai fait pour notre dernier album. Parce qu’on a eu plusieurs occasions de le faire quand on était sur la route, tout simplement. Quand on a des journées entières où nous ne nous produisons pas sur scène, cela nous donne l’opportunité de finir ce qu’on a commencé quelques jours plus tôt, en particulier pour la composition des textes de nos chansons. J’aime bien commencer à écrire dès que j’ai un jour « off », donc quand on a trois jours consécutifs sans jouer par exemple, c’est cool pour moi, car je peux trainer dans les rues à me balader, et l’inspiration me vient souvent comme cela. Ça me rappelle comment la chanson « Cast The Firts Stone » a été écrite. On avait trois jours de repos à Athènes, et j’ai passé ces trois jours à marcher dans la ville, à la recherche d’idées, de vibrations particulières, et « Cast The Firts Stone » m’est venue comme ça. On peut donc l’appeler la chanson grecque ! (rires).
Interview : Keuf
Un grand merci à Valérie et à Nuclear Blast !
